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Date de création : 04.11.2011
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Déficit de compétitivité des entreprises ? Parlons-en !

Publié le 09/02/2012 à 09:31 par najatehaie
Déficit de compétitivité des entreprises ?  Parlons-en !

© S. Bozon/AFP. Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent à l'usine Alstom de Belfort le 24 janvier 2012.

 

Une désindustrialisation galopante et un déficit commercial record - quelque 70 milliards d’euros en 2011 contre 40 en 2007 – soulignent l’acuité du problème. Pourquoi et comment y remédier ?


Sarkozy et Fillon pour justifier l’augmentation de la TVA et baisser la contribution sociale des entreprises au détriment des salariés et des consommateurs évoquent un prétendu différentiel du coût du travail qui pénaliserait le « made in France ». Le déficit en question n’est guère contestable. L’expliquer par le coût du travail ne tient pas. Quant à leur « solution », elle ne ferait qu’aggraver le mal en y ajoutant une poussée d’inflation.


Sarkozy et Fillon mentent sciemment sur le diagnostic

Le déficit de compétitivité des entreprises françaises ne découle pas d’un différentiel du coût du travail ni par rapport à l’Allemagne, ni  par rapport à nos autres voisins européens dont l’Italie par exemple, ni même par rapport à la concurrence internationale, notamment celle des pays émergents. Une grosse ficelle, un gros mensonge pour justifier la poursuite d’une politique d’austérité qui sape la compétitivité comme l’ensemble de l’activité économique


La Cour des comptes, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ainsi que l’organisme de la Commission européenne en charge de l’information statistique (Eurostat) ont planché sur le sujet. Leurs conclusions respectives le confirment avec des variations à la marge qui résultent du périmètre de calcul du « coût du travail » comparé. Il en va d’ailleurs de même du temps travaillé en moyenne et par salarié dans les différents pays européens.


Plus de pouvoir pour les salariés dans l’entreprise

La première des causes de ce « mal français » est à chercher dans le mode d’organisation des entreprises elles-mêmes en France, pas toutes bien sûr mais beaucoup.... sinon la plupart. La toute puissance patronale qui tient les salariés, simple variable d’ajustement des carnets de commandes, pour quantité négligeable, y est pour beaucoup. Renforcer le droit des salariés dans l’entreprise par la loi doit contribuer à améliorer la situation.


Les salariés français sont en effet parmi les plus productifs au monde. Toutes les études comparatives le soulignent. Cela s’explique par une hausse permanente des qualifications et un intérêt jamais démenti, malgré la crise, pour leur travail. Seulement cette créativité, au-delà même des savoir-faire, est constamment brimée. Le patron décide, les salariés exécutent... « Bosse et tais-toi » en quelque sorte. La souffrance ordinaire au travail – près d’un salarié sur cinq – et les suicides en série en sont les symptômes alarmants.


Il convient donc de créer les conditions d’un « contre-pouvoir » dans l’entreprise. Ce qui vaut à l’échelle de l’État en termes d’équilibre des pouvoirs doit s’imposer aussi dans les lieux de production La participation paritaire de plein exercice – avec droit de vote - des représentants du personnel aux conseils d’administration et autres organismes de direction avec les moyens correspondants est l’un des leviers pour combattre l’archaïsme de l’organisation à la française des entreprises. Elle permettrait d’éviter nombre d’actes hasardeux de gestion, courante ou stratégique. Une décision « contrôlée » vaudra toujours mieux que celle d’un seul.


Peser par la loi sur « les conditions générales de la production »

Spécificité nationale, trop d’entreprises marchandes considèrent en outre la puissance publique comme un guichet de financement à moindres coûts et sans contrepartie. Les subventions directes et indirectes – plus de 70 milliards par an – sont, en règle générale, contreproductives. Une entreprise qui ne survit qu’à la faveur de ces effets d’aubaine est toujours condamnée à plus ou moins brève échéance. Ce n’est pas aux finances publiques de pallier l’absence de fonds propres, à plus forte raison quand les dividendes s’envolent. Et là, le différentiel notamment avec l’Allemagne est bien réel.


Le second levier concerne l’innovation, la recherche et le développement. En ce domaine, le différentiel avec d’autres pays est particulièrement handicapant. Quelque 3 % du Pib y sont consacrés en Allemagne contre 2,25 % seulement en France, avec un effet cumulé sur de longues années. Il faut donc pour ne pas s’enfermer dans les entrées ou les milieux de gamme prendre le taureau par les cornes. L’annulation du crédit impôt recherche – 5, 7 milliards par an pour cette niche fiscale détournée de son objet – et la réaffectation de la recette à la recherche publique doit commencer à inverser la tendance.


Agir à la source pour responsabiliser le secteur marchand

Une répartition de l’essentiel des bénéfices, contrainte par la loi, entre fonds propres, investissements productifs directs et recherche et développement est de nature à pallier ce déficit de compétitivité avéré. Elle serait en outre plus lisible, plus efficace et plus rapide à mettre en oeuvre de manière transparente à la source qu’une politique fiscale intervenant en aval et dont les effets ne sont mesurables qu’à long terme. Ce n’est qu’à ce prix que l’on redressera la situation en créant les conditions d’un retour vers la production des flux financiers. Elle permettrait aussi d’alléger les charges publiques de soutien à l’activité marchande.


Bien évidemment une telle réorientation suppose une volonté politique de briser les résistances patronales en se fondant sur une légitimité démocratique indiscutable. Elle ne se décrète certes pas. Elle peut en revanche se conquérir à la condition de fixer des objectifs clairs sur la durée qui la rendront, résultats à l’appui, irréversible. C’est pourquoi, François Hollande fait fausse route quand il prétend constitutionnaliser la contractualisation des rapports sociaux au sens large au niveau de l’entreprise, là où la loi et elle seule peut agir, en France et au-delà dans toute l’Europe. Toute l’histoire sociale, ici comme ailleurs, le démontre. L’intérêt général le commande.