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Date de création : 04.11.2011
Dernière mise à jour : 27.07.2014
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Parti pris n° 39 – 28 juin 2013

Publié le 28/06/2013 à 12:58 par najatehaie
Parti pris n° 39 – 28 juin 2013

Ayrault à Fort-de-France mercredi 26 juin (photo © JM André/AFP). Manifestants anti-austérité à Lisbonne (photo © M. Riopa/AFP). Siderov «  le Malade», chef du parti ultranationaliste Ataka, en Bulgarie (photo DR). Dassault (à droite) et Bechter, le maire UMP de Corbeil-Essonnes mis en examen cette semaine (photo © B. Langlois/AFP).

 

 

Austérité et impuissance au menu gouvernemental, parfum de scandales entêtant et échos contradictoires en provenance de Sofia, Lisbonne et Bruxelles, firent l’ordinaire de cette semaine.

 

En affirmant que l’exercice budgétaire se terminerait sur un déficit – autour de 0,4 % du Pib – plus important que prévu par la loi de Finances, la Cour des comptes a brutalement ramené le gouvernement Ayrault à la dure réalité. Un trou de 28 milliards... ce n’est pas rien même si ce n’est guère surprenant et la dette -  91,7 % du Pib - bat aussi tous les records. L’économie stagne, la croissance joue l’Arlésienne et Ayrault affiche une impuissance bonhomme : « La Cour a sans doute raison, on verra en fin d’année ». Une nouvelle fois, ce sont des prévisions « optimistes » et « décalées » pour ne pas dire « fantaisistes » qui expliquent le fossé entre le rêve, fût-il « désenchanté », et la cruauté statistique.  

 

L’impuissance du chef du gouvernement en déplacement dans les Antilles n’en est que plus inquiétante. Le climat local l’y invitait, Il n’était venu en effet que pour annoncer que la « défiscalisation », profitable à quelques-uns et source d’une corruption endémique, serait maintenue, quoi qu’il en coûte à l’économie locale et au budget. Victoire à l’arraché de Lurel et des lobbies domiens qui n’honorent pas ce gouvernement. Il ne s’est jamais écarté en la matière des traces de ses prédécesseurs. Rendez-vous en conséquence à la prochaine explosion sociale contre la vie chère.

 

L’impuissance d’Ayrault n’en est que plus coupable. L’heure n’est plus en effet aux demi-mesures ni même aux petits gains de temps. Elle est aux décisions pour la réduction de la dépense publique là où c’est possible sans tourner le dos à l’emploi et aux services publics. La réforme territoriale le permettrait, en s’attaquant non pas aux fonctionnaires mais à une organisation « ubuesque » de l’État où doublons, triplettes et autres redondances sont légion, où les départements coûtent cher sans rien rapporter, où la lisibilité de l’action publique est devenue un casse-tête citoyen. Il en va d’une économie de 50 à 80 milliards par an.

 

Austérité et corruption, ici...

 

Au lieu de cela, Ayrault « laisse filer » et préfère de solides mesures d’austérité comme celles que préconise la Commission « Mobilité 21 ». Le précédent ibérique devrait pourtant suffire à interdire ces coupes claires dans les programmes d’infrastructures ferroviaires. La décision d’abandonner la ligne à grande vitesse Porto Lisbonne ainsi que la construction du nouvel aéroport lisboète a été le marqueur d’une descente aux enfers austéritaires pour les Portugais. Diminuer l’investissement  dans les transports par dix sur les vingt prochaines années serait absolument irresponsable à la fois pour les territoires promis au déclin mais tout autant pour le pays condamné à la stagnation et l’Europe entraînée dans son sillage.

 

L’éclosion des affaires sur la scène judiciaire vient compléter le tableau. Ce n’est pas vraiment nouveau, mais, cette fois, l’on se rapproche de l’overdose propre à « tuer » n’importe quel système démocratique. De révélation en audition, de garde-à-vue en mise en examen à répétition, s’affichent l’ampleur d’un système mafieux français et ses ramifications aux sommets de l’État. L’on est même passé, sans y prendre garde, de détournements de fonds publics en tout genre au soupçon d’assassinats. De Corbeil à Karachi, le « tout est permis » doit être « structurellement » banni sans appel. Ceux qui s’en sont servis et gavés doivent être déchus de leurs droits civiques et leurs biens doivent être confisqués au profit de la collectivité. La sauvegarde de la démocratie est à ce prix.

 

... Comme ailleurs en Europe

 

Et il y eût l’Europe, celle que l’on aime et qui se dresse courageusement et en masse les deux dernières semaines à Sofia. Comme en février dernier, mais cette fois, elle se mobilise non pas contre la droite et le gouvernement Borissov d’alors mais, hélas, contre la coalition entre le gouvernement Orecharchski dirigé par le PS... et Ataka, l’extrême droite de Siderov dit « le Malade ». Sergeï Stanichev, le dirigeant « socialiste » est aussi le Président du PSE qui tenait congrès la semaine dernière à Sofia... Convertis à la social-démocratie, les anciens apparatchiks staliniens salissent leurs camarades d’aujourd’hui. Encore, faudrait-il que ce ceux-ci le disent clairement et en tirent quelques conséquences.     

 

Au Portugal, la grève générale, la quatrième depuis l’installation de la droite au gouvernement, il y a deux ans, a connu, une ampleur exceptionnelle sur la base de l'appel unitaire des deux grandes centrales syndicales. Le patronat lui-même a dit soutenir l’exigence d’un changement d’orientation du gouvernement en faveur de la relance de l’économie. Le Portugal compte en effet officiellement 18 % de chômeurs et bien davantage en vérité. L'austérité n'a pas empêché le déficit de se creuser dangereusement, au contraire. L’autorité constitutionnelle a même censuré une partie des mesures les plus décriées décidées par le gouvernement. Rien n’indique pourtant que celui-ci entendra l’appel de la société portugaise. Ainsi vivent les hommes sous le joug de l’austérité.

 

Seul bémol et sous réserve d’inventaire, la décision, la nuit dernière, du Conseil européen d’investir dans les deux ans quelque 6 voire 8 milliards d’euros dans des programmes de lutte contre le chômage des jeunes. La situation est évidemment alarmante avec plus de 26 millions de chômeurs dans l’UE dont 5,6 millions de jeunes. Ces programmes profiteraient aux plus atteints que sont les pays d’Europe du Sud dont malheureusement... la France à hauteur de 600 millions pour 300 000 jeunes aidés. Parallèlement, on s’achemine vers un accord à minima sur le budget 2014 – 2020, calé sur 960 milliards d’euros, loin, très loin de ce qui serait nécessaire pour réorienter les politiques européennes et rompre, enfin, avec l’austérité qui a généré, partout, chômage et misère.

 

 

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