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Date de création : 04.11.2011
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Parti pris (n° 23 – 1er mars)

Publié le 01/03/2013 à 10:01 par najatehaie
Parti pris (n° 23 – 1er mars)

"Austérité droit devant", attention danger (image © DR).

 

 

Les dépressions économiques et leurs conséquences sociales ne sont pas fatales. Elles menacent pourtant toute la planète à des degrés divers.


À l’heure où l’Europe est comme « sonnée » par l’avertissement italien, d’autres signes laissent craindre un possible emballement de la crise dans sa dimension économique comme dans ses prolongements politiques. Aux États-unis, c’est le mur budgétaire qui en est la cause. En Asie, ce sont les très mauvais chiffres de la croissance indienne qui hypothèquent le développement. Tous ces faits ont en commun la volonté des marchés d’améliorer leur « profitabilité » au détriment des besoins des populations.


Ainsi, l’économie indienne ne connaîtrait plus qu’une croissance annuelle de 7,5 %. D’autres en rêveraient, les Indiens ne peuvent pas se le permettre dans la perspective d’un développement au moins partiellement partagé. Le coup de frein brutal est confirmé par d’autres signes inquiétants dont l’effondrement des investissements étrangers dans un environnement asiatique où les deux principales économies de la zone, celles du Japon et de la Chine, connaissent la récession pour la première et un net ralentissement pour la seconde – 7,9 % contre 10,4 %.


Tout n’est pas noir pour autant. Le ralentissement chinois par exemple est une des conditions de la construction d’un marché intérieur qui ne serait plus l’arrière-cour délaissée d’un modèle reposant principalement sur l’exportation massive de produits de moindre qualité. Les salariés chinois ont tout à y gagner tant en ce qui concerne leur rémunération qu’en ce qui concerne le niveau et la qualité de la consommation, voire l’affirmation de libertés démocratiques mieux assurées. Mais le processus prendra du temps et ne produira ses effets sur les échanges planétaires que lentement.


Austérité partout, justice nulle part


Le cas de l’Inde est différent. La décélération de la croissance se répercute immédiatement dans l’incapacité du pays à freiner la misère qui l’assaille. Le gouvernement central a ainsi  décidé d’augmenter la dépense publique de 16 % dans le prochain budget sans que cela ne lui assure de garantie en matière de développement d’autant que cette dépense publique est, pour partie, absorbée par les commandes d’armement. Acheter des Rafales ou d’autres produits de défense n’engendrera guère de développement, y compris à terme avec les transferts de technologie induits. Nul ne peut l’ignorer à commencer par les dirigeants français à la recherche de « débouchés ».


Aux États-Unis, ce sont les bisbilles entre Démocrates et Républicains au pied du mur budgétaire qui inquiètent. Le plafond légal de la dette souveraine – 16 400 milliards de dollars – a été fixé de manière aussi stupide qu’administrative conduisant en cas de dépassement à des coupes claires automatiques et uniformes dans tous les budgets fédéraux. À moins, bien sûr, qu’un accord politique aboutisse pour augmenter les recettes fiscales et diminuer les dépenses publiques, selon les préférences des deux camps. L’hypothèse d’un blocage n’est plus exclue. De quoi affoler les marchés d’un bout à l’autre de la planète et engager une nouvelle phase du déclin relatif mais réel de la puissance nord-américaine.


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ne reste comme « pôle de stabilité » que l’Europe, fût-elle en crise. Les grands émergents ne le savent que trop car leurs audaces, leurs coups supposent un partenariat solide pour leurs échanges, aux meilleures conditions, avec la zone économique la plus riche même si sa gouvernance est défaillante. Or, l’Europe s’est enfermée dans une logique du tout austérité qui la ruine aussi sûrement au plan interne qu’elle la dévalue au plan extérieur. Renverser la tendance n’est pas seulement décisif pour les Européens eux-mêmes. Cela l’est presque tout autant pour les Américains, ceux du Sud comme ceux du Nord, pour les Africains, les Russes et bien d’autres. Le voyage à Moscou de Hollande avait d’ailleurs une forte composante économique.

 

Vite, l’alternative salvatrice


Dans ces conditions où la clé d’une évolution moins négative de la situation économique internationale réside en partie dans l’abandon des politiques d’austérité en Europe, le débat public doit se concentrer sur les éléments pratiques de l’alternative. Une alternative en forme de cumul entre le gain de marges par l’augmentation des recettes fiscales et la réduction des dépenses publiques inutiles. C’est indispensable pour corriger les inégalités sociales par une politique de redistribution et rendre les services publics plus efficaces. Un modèle de transition entre une économie qui tourne au seul profit ou presque de l’intérêt privé et un progrès économique et social partagé au nom de l’intérêt général.


Voilà sans doute ce qui différencie le plus nettement notre approche de celle du gouvernement Ayrault. En renonçant à l’automne à une réforme fiscale établissant une vraie progressivité de l’impôt sur le revenu et le patrimoine, il s’est privé de recettes fiscales indispensables. Renonçant maintenant à une réforme territoriale qui assurerait de très substantielles économies, il se met dans une situation intenable. D’où ces bricolages en série pour boucher les trous – 6, 8 ou 10 milliards en 2014 – sans rien changer sur le fond. Les bonnes intentions à la marge n’y peuvent rien. Les reculs à répétition face aux lobbies – chefs d’entreprise, banquiers, médecins, taxis... – comme les errements eux aussi à répétition sur les taux de l’impôt le plus injuste, la TVA, le confirment.


La gauche, le pays et l’Europe ne s’en sortiront pas sans l’adoption d’une politique de relance enfin crédible et conforme aux engagements pris. Toutes les tentatives pour en différer l’échéance à demain, après-demain, voire jamais, sont vaines. Au risque, quand l’incompréhension et la critique raisonnées auront laissé la place au désespoir et à la colère brutale, de vivre ici, aussi, un « remake » des élections italiennes lors des prochains rendez-vous électoraux. Le dernier décrochage dans l’opinion de la cote de crédibilité de François Hollande – à peine 30 % d’opinions positives – et de celle de son actuel Premier ministre l’indique suffisamment.  Encore une fois, une autre voie est possible et elle n’est pas seulement souhaitée en France.