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Date de création : 04.11.2011
Dernière mise à jour : 27.07.2014
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Parti pris (n° 5 – 12 octobre 2012)

Publié le 12/10/2012 à 18:17 par najatehaie
Parti pris (n° 5 – 12 octobre 2012)

Image DR.


De mauvais vents… Il règne dans le pays un climat « poisseux », résultant des vents contraires  qui se sont levés contre la justice, la démocratie et la cohésion sociale et civique.

 

Il y a d’abord ce verdict dans l’affaire dite des « tournantes » qui signe, treize ans après, un désastre judiciaire et un gigantesque recul social, ce qui est plus grave. Un verdict qui semble dire que le viol et l’esclavagisme sexuel ne sont pas aussi graves qu’on le dit. L’enjeu dépasse de loin une simple question de droit pénal régissant la justice des mineurs - victimes et agresseurs l’étaient au moment des faits. C’est pourquoi, il était impératif que la procureure sur instruction de la Chancellerie fasse appel.


Ce sont les droits des femmes, de toutes les femmes, qui sont en cause à commencer par le plus élémentaire d’entre eux. Celui d’être protégée par la société contre les agressions sauvages de criminels machistes, apprentis ou confirmés. Et puis, quel signal donné à toutes les filles qui se battent pour leur dignité contre l’obscurantisme et les violences. Laissera-t-on croire que pour elles le choix réside entre le voile ou la cave, l’enfermement ou le viol ?

 

Et que dire dans ce contexte du « courage » du monde politique confronté à pareils enjeux. Harlem Désir, futur premier secrétaire désigné du PS, s’est dit « surpris » quand il s’agit d’être indigné et révolté par ce verdict. Lui a au moins parlé. D’autres, beaucoup d’autres se sont tus au prétexte que l’on ne commente pas une décision de justice. Quand la Justice n’est pas au rendez-vous d’une décision de justice, se taire revient tout simplement à se faire le complice d’une injustice.

 

Et comme si cela ne suffisait pas, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, en appelle à la délation dans les colonnes de Paris-Match. Il importe que la violence barbare des intégristes islamistes – qui n’ont rien de « radicaux » – soit combattue et défaite, ici comme dans le Nord Mali avec une énergie farouche dans le cadre du respect des règles de droit démocratiques. En revanche, en appeler dans une société malade, rongée par la crise, à la délation entre voisins est une faute politique inexcusable.

 

Chacun sait à quels dérapages cela peut conduire. Manuel Valls, par ses fonctions, le sait mieux que quiconque. D’autres précédents en témoignent notamment aux États-unis. Lorsque l’on met le doigt dans cet engrenage funeste, l’on finit par exiger de nouvelles lois pour légaliser des pratiques attentatoires aux libertés. L’administration Bush en avait fait son miel. Il est souhaitable que le Premier ministre et le Président réaffirment clairement que la délation n’est pas un moyen de gouvernance dans une société démocratique.

 

Ces faits et gestes contestables ne tombent pas du ciel. Ils s’inscrivent dans un contexte effectivement « poisseux » où chaque jour apporte son lot de menaces, réelles ou virtuelles, sur les libertés et la cohésion sociale et civique. La gauche, parce qu’elle le doit par principe et qu’elle est aux responsabilités, a mieux à faire que de chercher l’inspiration du côté des incendiaires de droite. Raccourci saisissant en effet, en quelques décennies, l’on est passé dans ce pays des petits pains au chocolat de Jo Dassin... à ceux de Jean-François Copé. Ils n’ont pas le même goût.